jeudi 13 août 2015

Isthme de Corinthe, 38,19N 21,44E

5h du matin,  le 13/08. Derrière moi le grand pont illuminé qui traverse l'isthme de Corinthe. J'ai pris mon quart alors que nous venions juste de le passer. Devant moi,  une pluie d'étoiles filantes. Nous sommes à 12 milles de Missalonghi, le premier port susceptible d'accueillir le bateau - si les critères techniques et financiers sont remplis...
La journée d'hier a été bien remplie.  Dès 8h nous avons accosté au quai des autorités du Canal de Corinthe,  pour payer le passage,  soit 200€. Après 1/2h d'attente, appel sur le canal 11,  nous avons constitué un petit convoi avec 2 autres voiliers et nous nous sommes engagés entre les deux hautes falaises qui constituent les parois du canal. Spectaculaire. Au sortir du canal (25m de large,  8m de profondeur,  6,5km de long),  un très émouvant petit autel romain sculpté dans une des parois, souvenir des premiers hommes qui ont eu l'ambition démesurée de creuser à la main ce gigantesque ouvrage, et qui demandaient l'aide et la protection des dieux. Neron avait lui-même utilisé 6000 esclaves juifs,  mais a été détourné de son projet par une guerre en Gaulle...   C'est au 19ème siècle que le canal a pris ses dimensions actuelles.
Au sortir du canal,  une pleine journée de navigation,  avec vent contraire bien entendu,  alternance moteur et voile. Hier soir nous avons tous décidé de continuer à naviguer la nuit. J'ai pris un premier quart de 21 à 23h, superbe : plan d'eau calme,  petite brise,  deux cordons de lumière à gauche et à droite qui delimitaient le Peloponese et la Macédoine... Pas un navire dans le Golfe,  et une nuée d'algues phosphorescentes dans notre sillage, comme si la fée Clochette nous accompagnait.
Nuit tranquille et voilà le petit matin. Le soleil jette quelques grains de lumière sur le dessus des nuages,  à l'est.  C'est la naissance du jour,  peut-etre le dernier jour de navigation si Missalonghi veut bien nous accueillir. Je profite de ce moment.

Canal de Corinthe, 37,55N 23,00E

Après une pleine journée au moteur hier,  nous voici enfin à l'entrée du Canal de Corinthe.  Mouillage tranquille cette nuit,  entre une raffinerie et une autoroute...  Ça nous change des paysages magnifiques d'hier matin,  où nous avons serpents entre les îles au large de Poros.  C'était superbe. 
Aujourd'hui,  vue sur 4-5 pétroliers.  Deux bateaux au mouillage à côté de nous,  qui attendent sans doute comme nous un départ vers l'ouest,  quelques yachts,  peu nombreux.  Je pensais l'endroit plus fréquenté...
Hier soir,  nouvelle avarie,  sans conséquences importantes mais très désagréable : la pompe sur presseur d'eau douce a lâché.  Probablement le pressentait.  Autrement dit,  plus d'eau au robinet,  plus de douche,  il faut nettoyer les toilettes à l'eau de mer...  Ça ne s'arrange pas !  Il est temps de rentrer à la maison,  avant que tout ne lâche.
Il semblerait que Paul ait trouvé un Iieu où se mettre,  un port avec un slip et un grattage possible,  et un petit aéroport local.  C'est à deux jours de moteur environ,  on va essayer de tenir jusque là !!! En attendant,  une journée intéressante aujourd'hui,  car le passage du canal est semble-t-il assez joli.  Nous verrons bien...

lundi 10 août 2015

Poros, 37,30N 23,27E

7-8h, île de Poros,  le 11/08.  L'île de Poros n'est séparée du Peloponese que d'une cinquantaine de mètres,  et curieusement (mais c'est aussi bien),  aucun pont ne la relie au continent. Le village principal de l'île est équipé sur toute sa façade littorale de quais,  de pontons,  où de très nombreux bateaux accostent,  pour une nuit ou plus.  Technique grecque : une ancre au loin,  et on cule sur le quai où l'on frappe deux aussières. Un quai,  au centre,  est réservé aux petits bateaux taxis,  qui font la navette avec le village d'enfance pour quelques euros.  Un ferry passe aussi toutes les deux heures pour apporter son lot de véhicules,  voitures,  motos,  camions,  et renvoyer au continent ceux qui ont terminé leurs affaires...  Le grouillement habituel d'un port fréquenté.
Le village est assez joli,  et autour la végétation est beaucoup plus abondante que sur les îles des Cyclades,  que nous avons quittées hier.  Nous avons passé une bonne soirée à l'escale,  trouvé un restaurant où,  pour une quinzaine d'euros,  nous n'avons pas pu finir les plats.  Quelques soucis avec la vente des NivOmatic et le compte PayPal,  Sally est à la manoeuvre mais il faut changer des lignes de code sur le site internet,  ça va être difficile. 
Aujourd'hui nous devons partir vers une nouvelle île,  plus proche de l'entrée du canal de Corinthe.  La question demeure -  car les filles n'y ont pas encore répondu- de savoir si nous laissons le bateau près d'Athènes et du Pire,  ou si nous allons en direction de Corfou.  Dans un cas,  c'est intéressant parce que c'est plus court,  et maintenant,  à quoi bon continuer plus longtemps sachant que l'objectif n'est plus atteignable.  Dans l'autre,  nous verrions le canal de Corinthe,  qui est semble-t-il spectaculaire -  mais cela nous retardé d'autant.  Paul essaie de trouver quelque chose pas trop loin,  à suivre... 
En attendant,  la météo est la même,  pétole,  et la journée qui s'ouvre s'annonce motorisée.

dimanche 9 août 2015

Kythnos, 36,23N 24,23E

Kythnos.  Le 10/08, en route pour Poros ou Hydra...
Nous venons de passer une journée sur Kythnos.  Avant-hier soir,  nous en avions tous un peu marre des emmerdements,  on avait besoin de se reposer.  Nous avons trouvé une place au Port,  mouillage devant et quai à cul,  comme souvent sur ces îles.  L'ancre a dérapé,  bien sûr,  puisqu'on n'a pas assez de chaîne,  et il a donc fallu s'y reprendre à 3 fois.  Mais au bout du compte,  hier fut une bonne journée de tourisme.  Olivier,  Jean-Noël et moi avons loué une voiture pour 30€, on s'est baladés sur l'île.  Rien de fascinant.  Plein d' églises orthodoxes,  des petites églises de campagne,   présentes sur toutes les éminences.  A l'intérieur,  quelques chaises,  un balai et une serpillière qui traînent,  une lampe à huile allumée sur l'autel,  en général quelques sièges hauts pour les popes,  un lutrin et surtout des icônes, des images de saints un peu naïves,  parfois peintes sur toile,  parfois en métal repoussé,  parfois aussi des huiles sur bois très anciennes et très belles. 
A part ces petites églises,  pas grand chose de remarquable : l'habitat rural traditionnel est constitué de maisonnettes en pierre au milieu de nulle part.  Quelques habitants semblent vivre d'une récolte d'olives,  de figues,  d'un jardin potager (trop sec en cette saison),  et d'un petit troupeau de chèvres ou de moutons.  Je ne sais pas comment ils font. 
Dans les villages,  la plupart des activités sont liées au tourisme,  même dans les villages reculés.  Sur la côte,  la moindre crique est occupée par des habitations de location et des petits restaurants de bord de mer. Souvent quelques bateaux à moteur au mouillage.
Pas d'activité industrielle visible,  sauf une ou deux carrières,  liées donc à la construction.  Un réseau routier assez médiocre.
C'est probablement toute une mutation qui s'est effectuée depuis quelques dizaines d'années,  à peine,  car la quasi-totalité du territoire de l'île et divisée par des kilomètres de murs de pierre sèche,  restes sans doute d' intenses cultures en escaliers,  ou d'élevages caprins. Hier midi, alors que nous étions les seuls clients d'un restau de village, je suis tombé sur une photo de 1955 montrant ce qu'était la marina que nous venions de quitter, un demi-siecle plus tôt.  Stupéfiant...
Hier soir,  comme la veille,  repas dans un des nombreux restaurants de plage,  avec un serveur très sympathique,  francophile,  grand connaisseur du cinéma de la nouvelle vague française...  Et qui ressemblait à Roberto Fognini.  Amusant.
Ce matin,  départ pour Hydra ou Poros,  suivant le vent.  On annonce "pétole"  pour le reste de la semaine...  Au moins,  le capot avant ne prendra pas l'eau...  Avec le moteur qu'on a,  on risque d'avoir pas mal de temps à passer à bord...
Les filles,  qui vont hériter du bateau,  ont bien compris,  hier,  que nous faisions notre possible mais qu'il n'était pas raisonnable de continuer.  Elles essaient de trouver un port à sec pas trop cher,  d'un côté ou de l'autre du canal de Corinthe.  J'aimerais que ce soit vers Corfou,  mais si c'était avant le canal,  ma foi,  pas grave...
Les voiles fasseyent,  puis se gonflent tranquillement, on s'appuie du moteur puis on le coupé,  la coque roule doucement sur une mer presque plate,  tout est calme...

vendredi 7 août 2015

Sifnos, 36,59N 24,40E

3h du matin,  c'est un peu le bazar !
A l'origine,  soirée cool sur Sifnos,  charmante petite île qui semble,  de loin,  endormie,  mais qui fourmille d'activité. Un seul quai, qui a accueilli hier soir presque une dizaine de navettes, débarquant chacune des dizaines de passagers,  scooters,  quads, plusieurs autos, quelques camions. Une activité débordante à laquelle on ne s'attendait pas. Le village est plutôt joli quoique les bâtisses soient récentes,  de nombreux restaurants et bars,  quelques échoppes.

Un apéro sympa et un dîner décontracté,  enfin,  car Paul a pris la décision qui s'imposait. : nous n'irons pas jusqu'à Marseille. Trop de petits ennuis qui pourraient finalement conduire à la catastrophe. Je lui ai fait constater dans la journée que le rail du foc autovireur s'était encore arraché un peu plus,  alors que nous n'avions navigué que dans des vents F4. La tôle alu du pont s'est déchirée sur 3-4 cm. Qu'est-ce que ça donnerait par F8 au milieu de nulle part ? Paul a pris la décision que l'équipage sentait inéluctable depuis 2-3 jours :sans doute son envie d'arriver au bout de l'aventure lui a-t-elle un peu masqué l'ampleur des problèmes du bateau...
Apéro,  donc,  dîner,  retour au bateau...  Et réveil rapide à 2h : Olivier avait constaté que le bateau derapait sur son ancre... Nous étions dans la bouée d'un gros Zodiac,  l'annexe emmêlée dans les aussieres,  sous de violentes rafales de vent ! Il nous aura fallu une bonne heure pour trouver une accroche satisfaisante, en nous y reprenant à 3 fois! Pendant ce temps là,  Paul et Myriam ne se sont rendus compte de rien,  ni des brusques accélérations du moteur,  ni de nos cris de l'avant à l'arrière,  ni des bruits de chaîne...  Sans doute le résultat d'un cocktail de relâchement, d'alcool et de médocs pour dormir...
Maintenant c'est calme,  nous avons tous les 3 décidé de prendre des quarts pour le reste de la nuit,  et voilà pourquoi j'écris,  seul dans le cockpit, à 3h du mat',  ce petit post. Le vent rafaleux et tournant s'est un peu calmé,  pas suffisamment toutefois pour baisser la garde,  mais je suis confiant pour le reste de la nuit.
Notre nouveau programme de navigation,  plus réaliste dorénavant,  va consister à conduire le bateau à Corfou et à le mettre à sec.  Petites navs de jour,  d'îles en îles,  jamais trop loin d'un abri,  et pas de navs de nuit. Je préfère ça, même si,  pour le plaisir,  ça aurait été sympa de voguer vers Messine,  la Sardaigne,  la Corse... Tant pis,  une autre fois peut-être... Et profitons du reste de la croisière.

jeudi 6 août 2015

Folegandros, 36,37N 24,57E

Journée de nav du matin au soir hier,  de nos moments de voile,  surtout en fin de journée.  Un poisson suicidaire à attaqué le rapala,  je l'ai remonté jusqu'à un mètre de la coque,  mais il s'est ravisé et à disparu dans les profondeurs,  alors que Jean-Noël était déjà en train de couper le citron...  Pour le reste,  le pilote automatique à décidé à son tour de tomber en panne.  J'ai diagnostiqué deux problèmes,  un défaut au niveau du lien entre le vérin et la coque (2 boulons ont laché)  et un problème hydraulique...  Impossible à réparer sérieusement.  Le moteur,  pendant la journée,  à lui aussi décidé de mettre de la mauvaise volonté,  et il a fallu que j'appuie 5 fois sur le bouton du démarreur avant qu'il tourne... Pas trop rassurant pour Corinthe ou Messine.  Autre délicatesse,  le plancher de la cuisine s'est effondré : il tenait par des cales en bois vissées à la va-comme-je-te-pousse!  J'ai tenté de réparer en régissant un truc et en calant avec des machins...  Aujourd'hui étape vers d'autres îles,  prévu 50 milles mais si on n'y arrive pas on se retournera vers un îlot plus proche.  Pas de pilote,  on va barrer toute la journée.  Et là météo annonce un vent plus fort,  dans les 20 noeuds.  C'est parti ! ...  

Thira, Santorin

Journée franchement nulle à Santorin.  D'une part l'île est une usine à touristes, d'autre part elle est surpeuplée,  les grecs ne sont pas sympas,  stressés et intéressés...  Quant à notre programme de la journée,  bus jusqu'à Thira (prononcer "fira"),  vagues courses dans boîtes à touristes,  apéro dans un bar avec vue sur le cratère et le mouillage des paquebots (très beau il est vrai),  repas-pizza puis achat,  après 1km de marché,  d'une opération de cale,  gare routière,  re-bus,  vers Camari,  avec l'espoir d'acheter un détendeur de gaz.  Mauvais arrêt,  donc trois km à pied.  On trouve le détendeur,  on rejoint l'arrêt bus,  le premier car ne s'arrête pas (!),  le second si.  Arrivée gare routière,  re-bus pour la marina.  Courses.  On s'est éclatés.  A part ça un type nous a débranché du ponton la nuit,  pas d'électricité,  et l'eau n'est pas potable dans la marina (!!!).  Santorin,  on me l'a copiera...